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Apogee
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La fluidité de l'eau, sa transparence et sa faible saveur immédiate nous ont longtemps laissé croire qu'elle était une ressource parmi d'autres. Il a fallu attendre que ses qualités soient altérées pour qu'on mesure son importance. Et contre les "marchands irresponsables", il serait aisé de rappeler son statut de "bien commun". Pourtant, nous devons désormais apprendre à la recomposer, car il n'a rien de naturel. Pas de retour en arrière, impossible, ni de solution miracle proposée par les commissions d'experts ou les programmes de partis, qui oublient que c'est la méthode de composition qui compte. Faire de la politique, c'est bien composer un monde commun et le faire avec le public concerné. Tous les articles présentés ici montrent bien comment les connaissances construites selon les procédures les plus rigoureuses, celles de la science, gagnent en prise sur le monde dès lors qu'elles sont constituées par les collectifs qui sont déjà partie prenante du problème. C'est de l'expérience d'un collectif hétérogène que peuvent naître les reformulations des problèmes. Après avoir fait la place qui convient à l'article magistral de D. Schneider sur Forbes, ce fondateur de l'écologie ("Le Lac comme microcosme"), l'ouvrage parcourt une partie du champ de l'eau politique, depuis les plus militantes (l'entretien de Delcasso qui revient sur sa trajectoire) jusqu'au plus gestionnaires et techniques (Lupton et Bauby, Riaux et Richard), des États-Unis au Chili (Pflieger) en passant par la Suisse (November, Penelas & Viot), l'Allemagne (Kropp) et diverses régions françaises (Allouche et Gaudin). Les techniques, les procédures citoyennes, les traditions, les affects aussi bien que les modèles financiers constituent les ingrédients de cette eau recomposée.
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Nord-sud : nouveaux échanges, nouvelles frontières
Damm Jimenez Evelyne
- Apogee
- 7 Mars 2006
- 9782843982088
Les divisions du monde en grands ensembles bien délimités, en rapports de domination bien établis, sont bousculées.
Le Sud n'est plus là où on le pensait, lorsqu'il intéressait le Nord pour des raisons coloniales, de compassion ou d'exotisme. Le Sud est au Nord, avec des émeutes récentes en France, et le mythe de l'intégration n'y peut plus rien, il circule de pays en pays, d'allers en retours, loin du statut établi d'immigré, arraché à sa terre. Il oblige nos visions modernistes du monde au compromis avec d'autres modèles culturels, dans la vie la plus quotidienne comme dans les cadres de pensée.
Et surtout, le Sud a déjà pris en main son destin (dans ce numéro, en Inde, en Amérique Centrale, en Afrique), et le soutien que le Nord peut lui apporter, à travers les ONG ou l'Europe dans ce numéro, doit être attentif à ne pas continuer à diffuser son modèle sous couvert de solidarité, comme on a tendance à le faire pour les modes de consommation énergétiques par exemple. Ces circulations et ces échanges créent des conflits et déstabilisent, mais les histoires relatées ici montrent ce qu'ils apportent de pistes pour la réinvention d'un monde commun, en s'appuyant sur des prises de pouvoir singulières à chaque situation.
Nous pratiquons désormais des " cosmopolitiques " parce que les liens qui nous attachent à nos mondes ne sont pas à trancher mais à rediscuter, parce que la complexité est la base même de toute l'écologie, parce que l'incertitude de notre temps rend caduques ou ridicules les prétentions dogmatiques ou technocratiques. Ces " Cahiers théoriques pour l'écologie politique " se veulent une contribution régulière pour penser l'activité politique des acteurs qui font tenir ces collectifs incertains, qui cherchent à recomposer des espaces de pouvoir ouverts.
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Quatre siècles de capitalisme ont conduit la planète vers sa plus grave crise environnementale : pour vivre comme un habitant des pays " riches " membres de l'OCDE, qui symbolisent la réussite économique, il faudrait quatre Terres.
Notre mode de vie " occidental " n'est donc pas généralisable. Or c'est bien lui qui attire les deux milliards de Chinois et d'Indiens en train de rejoindre le marché mondial du travail et de la consommation. Pour sortir de cette impasse, il nous faudra négocier notre mode de vie. Cette négociation se fera à l'échelle nationale, selon des compromis propres à chaque société. L'enjeu de l'emploi et la capacité des mouvements sociaux et environnementalistes à élaborer des solutions communes y seront déterminants.
Mais la négociation se jouera également au niveau international, où il faudra bien trouver les voies de la construction d'un consensus qui répartisse équitablement les efforts à fournir entre tous les pays. Ce numéro nous conduit sur les chemins des compromis démocratiques, des expériences locales aux négociations internationales sur le changement climatique. Ces voies se situent quelque part entre une décroissance qui reste encore largement incantatoire en termes de changement de société et de modèle d'organisation sociale et le simple pari que l'économie capitaliste de marché digérera la nouvelle contrainte environnementale et la transformera en une nouvelle source de valorisation du capital.
II s'agit bien d'inventer les politiques radicales qui ne perdent pas de vue les impératifs globaux, tout en s'attachant à trouver les compromis sociaux qui façonneront les évolutions pacifiques vers un nouveau mode de vivre ensemble.
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