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Littérature traduite
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Laura, Lizzie et les hommes-gobelins
Christina Rossetti, Clémentine Beauvais, Diglee
- La Ville Brule
- 13 Octobre 2023
- 9782360121588
Paru en octobre 2023, Laura, Lizzie et les hommes-gobelins est né d'une envie commune à Diglee et Clémentine Beauvais : celle de faire découvrir l'oeuvre de la poétesse Christina Rossetti, et notamment ce long poème, un classique outre-Manche, qui est totalement méconnu chez nous.
Ce magnifique volume toilé et marqué au fer contient une biographie et un portrait de Christina Rossetti par Diglee, un avant-propos passionnant (et vraiment très drôle !) de Clémentine Beauvais sur la traduction libre, le poème traduit en français dans une incroyable traduction signée Clémentine Beauvais et illustré par Diglee (est-il nécessaire de préciser que les illustrations sont sublimes ?), et enfin le poème en version originale.
C'est un livre précieux et un travail remarquable, qui donne à ce texte l'étonnante modernité qu'il mérite. Difficile de ne pas y voir, avec nos yeux d'aujourd'hui, un conte féministe qui met en garde contre les hommes - sans pour autant craindre nos désirs - et nous encourage à faire confiance à nos soeurs.
Laura, Lizzie et les hommes-gobelins est aussi une invitation à jouer, à chercher les sens cachés dans les allitérations malignes de Clémentine Beauvais, qui font naître mille images, et dans les fleurs et fruits défendus dessinés par Diglee. -
Empreinte de poésie convulsive et de désespoir clinique, 4.48
psychose est une oeuvre de mort annoncée. Une personne sans
identité, déjà morte au monde, internée dans un hôpital où elle
assiste à la destruction progressive de ses facultés, y adresse sa
prière, entre rage et catalepsie. Elle lutte pour dire son aversion
pour ce monde de mensonges, sa déchirure intérieure, sa fêlure
profonde dans un lumineux élan de vie et de vérité.
Le texte est suivi de Skin, un inédit sur le racisme et la violence,
écrit par Sarah Kane et réalisé par Vincent O'Connell en 1995.
Embrassez la beauté des mensonges
la folie chronique de ceux qui ne sont pas fous
Souviens-toi de la lumière et crois en la lumière.
Rien n'est plus important.
Prends garde aux apparences et sois droit dans ton jugement.
Tout va bien. Ça va finir par aller mieux.
la déchirure commence
En 2001, L'Arche publiait 4.48 Psychose, texte posthume de
Sarah Kane. 23 ans plus tard, une nouvelle traduction de cette
pierre angulaire du catalogue semblait nécessaire : Vanasay
Khamphommala signe ici une traduction historique en
totale pertinence avec le texte de Kane qui décloisonne les
imaginaires de genre et les érotismes, en utilisant une police
inclusive : BBB Baskervvol du collectif Bye Bye Binary. -
En 1895, Oscar Wilde fut condamné à deux ans de travaux forcés pour « actes grossièrement immoraux » accomplis avec une personne de son sexe. Il purgea sa peine principalement dans la prison de Reading. C'est là qu'en juillet 1896 fut pendu le cavalier Charles Thomas Wooldridge, condamné pour le meurtre de sa jeune femme. Wilde évoque dans ce recueil l'exécution qui attend le cavalier : « Cet homme avait tué la chose qu'il aimait / Et donc il lui fallait mourir ». Il raconte également l'expérience de la prison et les douleurs de l'enfermement. Dans cette édition bilingue, la traduction de Bernard Pautrat met en lumière un poète qui rompt avec toute préciosité et retrouve les accents de Villon pour dénoncer les conditions faites aux prisonniers.
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Complaintes gitanes
Federico Garcia Lorca
- Éditions Allia
- Petite Collection
- 26 Février 2003
- 9782844851123
Ces complaintes gitanes composées entre 1924 et 1927, sont l'oeuvre la plus populaire de garcia lorca (1899-1936).
Ce recueil de vieilles légendes, de récits fabuleux ou épiques, de chansons puisées dans la tradition orale, plonge au coeur de la tradition des coplas andalouses. chaque complainte figure un petit drame, tantôt gracieux, tantôt érotique, tantôt sanglant. mélange de veine populaire et d'écriture savante, ces brefs poèmes, véritables précipités de l'âme espagnole constituent un miracle d'équilibre et sont à juste titre tenus pour un des chefs-d'oeuvre de la poésie du vingtième siècle.
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Dans l'espace francophone Marina Tsvetaeva (1892-1941) est surtout connue par sa prose mais elle se considérait avant tout comme une poétesse et elle le demeure pour le public russe.
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Quel que soit leur âge, il n'est pas rare que des Iranien.ne.s connaissent par coeur des vers de Forough Farrokhzâd. Sa poésie, émaillée d'allusions à sa vie amoureuse mouvementée, à ses aventures ouvertement vécues, échappe heureusement à la mise en scène complaisante du scandale à laquelle aimaient la rabaisser certains de ses contemporains.
Née dans une famille de militaires à Téhéran en 1934, Forough Farrokhzâd a été de son vivant, une poète très controversée. Non seulement par les thèmes progressistes qu'elle traite dans sa poésie, mais aussi pour ses revendications de femme. Alors qu'elle a tout juste vingt ans, elle apprend la peinture, divorce d'un mariage imposé, publie son premier recueil de poésie et part étudier le cinéma en Angleterre. Personnalité iconoclaste de la culture iranienne, figure de l'artiste libre et indépendante au sein d'une société patriarcale, elle connaît une réhabilitation posthume, à laquelle le présent ouvrage tient à contribuer.
Une autre naissance est le recueil le plus célèbre de Farrokhzâd, le dernier publié de son vivant. Avec lyrisme, ses poèmes dénoncent sans fard l'hypocrisie d'une société en quête de modernité factice, porte en éloge les émotions et le ressenti, voix de femme dans un monde qui leur est sourd. Les conflits, les doutes, mais aussi l'élan amoureux en forment le terreau fertile. Ses vers, faisant parfois référence à la poésie persane classique, ont aussi l'allure d'un chant de prisonnière où le désir ne cesse de chercher des brèches, des échappées dans un quotidien oppressant.
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Poèmes de Russie Tome 2 : (1912-1920)
Marina Tsvetaeva
- Syrtes
- Syrtes Poche
- 31 Août 2023
- 9782940701650
Marina Tsvetaeva (1892-1941) est considérée comme l'une des plus grandes poétesses russes du XXe siècle. Cette édition de poche en bilingue reprend la première partie de l'édition parue aux Syrtes en 2015. Il s'agissait d'une nouvelle traduction de la poésie lyrique de Tsvetaeva, intégrale et en grande partie inédite, de ses premiers écrits en Russie. La traduction est effectuée par Véronique Lossky, grande spécialiste française de Tsvetaeva et de son oeuvre.
Cette période de vie en Russie est riche en événements personnels et historiques. Les poèmes reflètent les joies et les douleurs vécues en ces années difficiles : l'amour est un thème évident et l'auteur en décrit toutes les facettes avec une aisance déconcertante.
Un deuxième coffret, Poèmes de maturité, est prévu pour 2024. -
Autobiographie du rouge
Anne Carson
- L'Arche
- Des Ecrits Pour La Parole
- 18 Septembre 2020
- 9782851819932
L'Autobiographie du rouge est un « roman en vers » d'Anne Carson, inspiré de la figure mythologique de Géryon, présente dans les fragments lyriques du poète grec Stésichore. Traversé par un profond souffle épique, ce « roman en vers » est tout à la fois matière épique, rhapsodie, roman initiatique, journal intime, épopée lyrique et carnet de voyage amoureux.
Géryon, jeune garçon et monstre rouge ailé, livre les tourments de son âme dans ce récit autobiographique, qu'il commence à l'âge de cinq ans.
Autobiographie d'un être hors norme, à l'apparence monstrueuse et aux fêlures si profondément humaines. En grandissant, Géryon échappe à l'emprise d'un frère abusif, et trouve du réconfort derrière l'objectif de son appareil photo et dans les bras d'un jeune homme nommé Héraclès, un cavalier vagabond, qui embrase son coeur et l'abandonne à son désespoir. Lorsqu'Héraclès resurgit dans sa vie des années plus tard, Géryon s'embarque dans un voyage en Amérique du Sud à ses côtés. Tout à la fois érudite et d'une accessibilité immédiate, l'Autobiographie du rouge est un livre dont Alice Munro a dit :
« Je n'ai pas découvert d'écriture depuis des années si merveilleusement troublante. »
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Croce e delizia (Croix et délice), est un livre central dans l'oeuvre de Sandro Penna. Il paraît en 1958, chez Longanesi, 3e volume d'une nouvelle collection de poésie dont les deux précédents sont L'usignolo della Chiesa Cattolica de Pier Paolo Pasolini et Alibi d'Elsa Morante. Pier Paolo Pasolini, Elsa Morante et Alberto Moravia apportèrent une aide fondamentale à la publication de ce recueil de poèmes, car leur ami Sandro Penna se perdait comme son habitude dans son désordre et indécision. Le recueil est composé de 40 poèmes, sélectionnés dans la production des dernières 30 années. Nous présentons un important choix de poèmes, datés de 1927 à 1977, tous traduits et sélectionnés par Bernard Simeone, dont la connaissance et la passion pour la poésie de Penna apparait dans la pertinence de sa traduction. La simplicité de la langue de Sandro Penna est insaisissable, naturelle et ciselée, onirique et quotidienne, comme sa modestie fière et son innocence grivoise.
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Poète et musicien, Djivani, de son vrai nom Sérop Lévonian, né en 1846 à Kartsakh en Géorgie et mort en 1909 à Tbilissi (à l'époque, Tiflis), fut le plus célèbre "achough" de son époque. Les achoughs, également appelés gusans, sont des trouvères arméniens qui disposent de tout un répertoire de chansons et de musiques traditionnelles, dont l'origine se perd dans la nuit des temps et qu'ils enrichissent de leurs propres compositions. Le plus célèbre d'entre eux est Sayat-Nova (1712-1795), lui aussi originaire de Tiflis. S'inscrivant dans cette tradition, virtuose du kamantacha (le violon arménien, héritier de la lyre byzantine), chanteur et poète, Djivani fut le porte-parole du peuple arménien en son temps, exprimant ses angoisses face à la persécution ottomane, célébrant la beauté et la vitalité de ses coutumes. Loin d'être de simples témoignages du passé, ses chansons sont toujours vivantes, connues de tous les Arméniens, chantées aujourd'hui encore par de très nombreux interprètes, mais également lues et étudiées comme un trésor de la poésie arménienne. En 1919, au lendemain du génocide arménien et à la veille de la signature du Traité de Sèvres, qui prévoyait la reconnaissance d'une grande Arménie indépendante, le poète et critique littéraire Archag Tchobanian (1872-1954) publia une anthologie intitulée Les plus belles chansons de Djivani pour faire connaître en France la poésie du célèbre achough. Intellectuel engagé, animateur de revues, lié à de nombreux écrivains français et francophones, de Romain Rolland à Verhaeren, Tchobanian fut l'un des grands médiateurs culturels entre la France et l'Arménie. Ses traductions de Djivani n'avaient encore jamais été réimprimées. Pour leur rendre vie, ce volume en propose une édition bilingue qui permet de goûter la beauté de la typographie arménienne et donne un intérêt supplémentaire à cette réédition.
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Ce premier volume des Poésies complètes d'Herman Melville regroupe toute l'oeuvre poétique de l'auteur de Moby Dick, à l'exception de Clarel qui, en raison de sa singularité et de sa dimension (l'un des plus longs poèmes de langue anglaise, plus long que Le Paradis perdu de Milton ou le Don Juan de Byron), fera l'objet d'une publication à part, dans un second tome. Figurent ici le recueil publié par Melville chez Harper Bros., Tableaux et aspects de la guerre (1866), ainsi que les deux plaquettes qu'il a éditées à compte d'auteur à vingt-cinq exemplaires chacune, John Marr et autres marins (1888) et Timoleon (1891). À ces trois recueils achevés et parus du vivant de l'auteur s'ajoutent trois ensembles : Herbes folles et sauvageons..., avec Une rose ou deux, le manuscrit que Melville avait laissé à sa mort, l'ensemble étant largement inédit en français ; Parthenope, constitué de deux longs poèmes attribués à deux personnages imaginaires ; et une quarantaine de poèmes épars. Très diverse dans la forme comme dans les thématiques, la poésie de Melville constitue, en quelque sorte, le troisième « acte » de son oeuvre, après la période des romans (1846-1857), et celles des nouvelles (1853-1856). On retrouve, en particulier dans Tableaux et aspects de la guerre qui est sans doute avec les Drum-Taps de Walt Whitman, le plus beau et poignant recueil poétique consacré à la guerre de Sécession, le souffle melvillien, qui ne s'apaise peut-être que dans les poèmes d'amour de la toute fin, ceux de Herbes folles et sauvageons..., dédiés à son épouse. Chacun de ces recueils ou ensembles tourne autour d'une même thématique, ce qui donne à chacun une tonalité différente, une force et une inspiration sans cesse renouvelée, surprenant souvent le lecteur par son audace et son originalité. Si Timoléon (seul recueil intégralement traduit en français à ce jour) est inspiré des lieux visités lors du séjour de Melville en Europe et au Proche-Orient, John Marr est comme l'adieu à la mer de celui qui fut sans doute l'un de ses plus grands chantres. Melville est un écrivain du souffle, son écriture est celle du long cours. La forme poétique l'obligeant à endiguer la force prodigieuse de son inspiration, elle en fait d'autant mieux ressortir la sensibilité. Pour le lecteur francophone, la poésie de Melville pourrait bien être son chef-d'oeuvre inconnu.
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Alvaro de Campos est l'enfant frondeur parmi les hétéronymes de Fernando Pessoa, le fils emporté, cosmopolite, voyageur - ou plus rêveur que voyageur. Il est le chantre de la modernité, des machines et de la grande matrice du XXe siècle, avant de céder, dans ses poèmes plus tardifs au désabusement, et au sentiment d'échec, des rêves mal reportés sur la réalité. « Opium à bord » est son acte de naissance, mais un acte falsifié : le texte est antidaté par Pessoa pour en faire officiellement la première apparition d'Alvaro de Campos sur la scène littéraire : le jeu des masques et de la théâtralité, toujours, dans lequel éclot la sincérité de Pessoa. Mais qui est Alvaro de Campos ? Un jeune homme captif d'un navire, d'une croisière qui mouille au large du Canal de Suez en mars 1914 ; un jeune homme surtout captif de lui-même, et de l'opium impuissant à guérir son âme malade comme il l'affirme d'emblée.
Tout est stable, plane comme la mer presque absente, le monde incolore et indolore - même les exotismes, les voyages en Inde n'y font rien - Alvaro de Campos est seul à se noyer, coulé par sa faiblesse, son sentiment profond d'insignifiance et son absence de talent dans ce bref poème enfiévré qui est celui d'un naufrage intérieur. À peine capable de révolte contre la vie mondaine, réglée et bien vêtue de ses compagnons de voyage, il fait tourner une mappemonde avec ennui au bout de ses doigts. Dans une divagation droguée contre le bastingage, malgré les ambitions et les délires créateurs, incapable de sauter par dessus bord, lui qui pressent l'inutilité de sa vie, Alvaro de Campos, capable seulement d'ouvrir des portes sur le vide, comprend qu'on n'est jamais « que le passager d'un navire quelconque ». Poème tendu et vertigineux, poème cloîtré qui tourne le dos au large et au voyage même qui devrait le porter, « Opium à bord » est tout autant un acte de naissance qu'un aveu de mort.
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Le plaisir que procurent ces poèmes-comptines, tous construits sur le même modèle est si délectable qu'il incite à en inventer d'autres, et si évident qu'il n'a guère besoin d'être commenté. « À notre sens, c'est lui [Lear] qui est, chronologiquement et essentiellement, le père du nonsense; nous le croyons supérieur à Lewis Carroll. [...] Alors que le Pays des merveilles de Carroll est purement intellectuel, Lear fait apparaître un autre élément - qui est celui de la poésie, et même de l'émotion. Lear n'introduit pas ses mots dépourvus de sens et ses créatures amorphes avec toute la pompe de la raison, mais accompagnés d'un prélude romantique aux riches couleurs et aux rythmes entêtants. » G.K. Chesterton, Le Défenseur, 1902
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La popularité de Heinrich Heine (1797-1856), ce « romantique défroqué » comme il se qualifiait lui-même, repose en grande partie sur ses poésies consacrées à l'amour qui, en raison de leur grande musicalité, ont inspiré d'innombrables compositeurs. Reprenant avec virtuosité tous les codes du romantisme, Heine opère toutefois une rupture par rapport à la morale étriquée de la Restauration et du Biedermeier qui domine dans les pays germaniques après le Congrès de Vienne. Exilé à Paris jusqu'à la fin de sa vie, adepte de la « réhabilitation de la chair » prônée par le saint-simonisme, Heine reprend et bouleverse les codes de la poésie amoureuse dont il élargit le vocabulaire jusqu'au trivial.
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En 1857, dans une Angleterre victorienne patriarcale, William Morris, poète de 23 ans proche du mouvement préraphaélite, s'empare de la légende arthurienne qui connaît alors une popularité croissante.
Mais, au lieu de célébrer les exploits des chevaliers, l'auteur décide de donner pour la première fois la parole à la reine Guenièvre. Reprenant l'un des épisodes les plus célèbres du mythe du Camelot durant lequel la souveraine est accusée d'adultère avec Lancelot, William Morris place Guenièvre au centre de son récit et lui laisse le champ libre pour qu'elle présente seule sa défense devant un parterre de juges : tous des chevaliers, tous des hommes. La reine développe alors ses arguments, défend son amour et montre qu'elle a aussi été contrainte dans une condition qu'elle n'a pas voulue.
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Poésies Tome 4 ; suites, sonetos de l'amour obscur
Federico García Lorca
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 25 Mai 1984
- 9782070322510
«Heureuse, géniale, miraculeuse, éminemment gracieuse, [la poésie de Federico Garcia Lorca] est aussi tragique. Et c'est là sans doute la raison profonde de son universel succès. Ses pièces sont fascinantes parce qu'elles sont, non seulement tragiques, mais la tragédie même, l'actus tragicus, l'auto sacramental, la représentation, non point d'une circonstance particulière et de ses contingentes conséquences, mais de la Fatalité elle-même et de l'inexorable accomplissement de sa menace : elles sont une algèbre de la Fatalité. Et la moindre des poésies lyriques de Federico Garcia Lorca ou tel moment de celles-ci qui se réduit à un cri, à un soupir, à l'incantatoire évocation d'une chose, nuit, lune, rivière, cheval, femme, cloche, olive, possèdent la même vertu. Laquelle est si puissante que même à travers la traduction (et il faut dire que les traductions françaises ici réunies sont toutes des réussites extraordinaires, fruit de ferveurs diverses, mais également au-dessus de tout éloge) on perçoit le son et la chanson,le ton, le tour, l'évidence du langage original, sa vérité espagnole, sa vérité populaire. Et du même coup se laissent deviner, inhérente au délice, poignante, obscure, terrible, la présence de la passion et, imminente, l'effusion du sang.» Jean Cassou.
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La vie de Miyó Vestrini, née à Nîmes en 1938, tôt immigrée au Venezuela et suicidée en 1991, est une révolution.
Un mouvement qui s'ouvre, s'accomplit et se clôt dans la détonation, engageant le corps de la poétesse et toute son oeuvre que ce livre, une anthologie, tente de traverser en lui conservant son intonation particulière : brièveté, netteté, gravité.
Contemporaine des avant-gardes artistiques vénézuéliennes, la poésie de Miyó Vestrini, sèche et destructrice, ironique et délicate, est à la mesure d'une existence, de ses appronfondissements (le féminisme, l'amour et les amitiés politiques) et de ses révoltes (l'esseulement, le suicide et les deuils).
Grenade dans la bouche est la première traduction de Miyó Vestrini en français. Livre-vie parcourant trente ans d'écriture, il retrouve la prolixité et la variété des situations ou des scènes d'écriture de « la Sylvia Plath vénézuélienne ». -
Plus qu'une autobiographie, ce livre central dans l'oeuvre de Charles Reznikoff est un art poétique. Il y a là une forme de résurgence, ou de permanence de la vie naturelle, une capacité d'émerveillement intacte quoique jamais naïve, presque une innocence dans le regard posé sur la ville. Reznikoff arpente les rues de New York avec le passé en écho, en observateur de cette civilisation nouvelle, effervescente, bâtie sur le souvenir ou le mythe lointain des légendes disparues : aussi bien grecques qu'hébraïques.
Cette superposition de la réalité et de la fable donne son épaisseur au poème, qui transcende la réalité sans pourtant jamais s'écarter du réalisme le plus simple, le plus proche. Car ce sont les êtres les plus familiers qui peuplent ces pages, des concierges, des serveurs, des mendiants, des blanchisseurs, tous ceux qui ont un travail - ou une vie - visible à même la rue. Petites scènes de discordes, de discrètes complicités, une famille modeste revenant de la plage, l'histoire d'une lettre d'amour, une dispute conjugale, un mari ivre, des empoignades dans le métro, des infirmières qui sortent du travail au petit matin : nous lisons la chronique d'une époque de crise économique, de migration, de précarité, d'emplois mal payés, de racisme et de ghettos.
Et dans ce processus tumultueux et naturel se construit l'image d'un pays, avec des hommes venus de Russie, d'Italie, d'Irlande ou de Hongrie, au milieu des voitures, trams, charrettes à bras, des camions et des chevaux, au fond des quincailleries et des épiceries ouvertes la nuit. L'identité est une chose poreuse et souvent éclatée, qui se définit de façon collective, dans la confrontation d'altérités vivant dans le même espace humain.
C'est un livre qui avance vers le passé, et après avoir traversé de son regard d'adulte ce creuset vivant, Reznikoff en vient à se raconter lui-même. L'enfance de quartier en quartier, de Brownsville le ghetto juif, puis Harlem, et enfin Brooklyn à mesure de la modeste ascension sociale des parents. Une croissance dans un univers désordonné, chaotique, coloré, sale et bruyant, fait de solitude, de découvertes, mais aussi de violences antisémites.
Les premières lectures à la bibliothèque publique, les camaraderies houleuses, les persécutions enfantines, les vieux immeubles sombres, la vie des grands-parents en Russie, la sagesse juive et les sermons, les études de droit qui auront un impact si important par la suite, la découverte de l'écriture, de la poésie jusqu'à cette décision d'en faire sa vie. Et soudain on oublie qu'on lit un livre, on finit par voir la vie véritable par les yeux d'un petit enfant juif dans les rues de New-York en 1915, dans une intrication totale des souvenirs et du présent.
Une vie, unique et ordinaire, déracinée sans cesse, qui a trouvé à croître avec des racines mobiles et a fini par trouver sa liberté dans cette mobilité. Livre en forme de vie, livre qui donne ce sentiment étrange de gagner un ami, et d'assister, dans les dernières pages, après tout et non avant tout, à la naissance d'un poète.
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Quelle est cette terre que Gabriela Mistral cherche à essarter, à défricher ? Celle de son Chili natal, de la Cordillère des Andes, des légendes Mayas ? Ou la terre des exils et des ombres ? Essart est un livre mystérieux ; on lit ces poèmes comme on marche sur une terre ouverte, dont on embrasse les sommets du regard, cheminant au plus près d'une parole dense et profonde, rustique et mystique. Gabriela Mistral hisse ses poèmes vers la fable, au moyen d'une langue bruissante d'hommes et de dieux, de traditions et de légendes, de dialectes archaïques. Nous sommes séparés, Mistral nous rassemble dans la circulation interne d'un pouls, d'un sang à la pulsation puissante qui a le mouvement d'un fleuve. On se perd dans un « hallali de pierres roulées », au milieu des iguanes et des tortues, des cerfs et des colombes, avec cette étrange impression d'être « toujours blessé, jamais chassé ». Essart opère une transfiguration de l'enfance en odeurs, des fantômes en brumes, des hommes en paysages, des visages en fables, des peuples en fleuves, des corps en zodiaques et des dieux en rêves, en une lumière qui mystifie tout. Dans ces poèmes où vivre et mourir, dans cette confession plus vaste que soi, des profusions de monde aux « quarante points cardinaux » tiennent dans un mot, dans une langue habitée, c'est à dire peuplée de souvenirs, de charmes, de fleuves, d'oiseaux et de fleurs, de disparitions et d'esprits, vaste comme un horizon ou un ciel étoilé. Cette voix qui nous soulève vers la liberté, nous berce entre les épiphanies et les pleurs avec « le pur rythme tranquille des vieilles étoiles » semble ne jamais vouloir interrompre son chant, ne jamais briser le sortilège et c'est ce qui nous tient, nous emmaillote à ces lignes : la crainte d'une magie dissipée, le retour brutal sur la terre vide et nue, inconsolables de la fable. Aussi nous ne quittons ni les anges, ni le rêve de cette poésie qui « regarde le monde aussi familièrement que si elle l'avait créé. »
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Cette édition regroupe un choix parmi les poèmes écrits par Emily Dickinson au lendemain de la Guerre de Sécession. Si les 5 années de la guerre ont coïncidé avec la période la plus intense de son activité poétique (937 poèmes entre 1861 et 1865), les cinq années qui suivent marquent un grand silence : 72 poèmes seulement de 1866 à 1870. Une forme de repli, et une intensité confiée à l'infime. Une lutte même, secrète, sous-jacente, contre « le givre de la mort », contre le malheur et la séparation. C'est le livre du vent après la guerre, le vent qui emporte tout, et terre chez eux les êtres, les montagnes et les forêts, qui bouleverse l'est et l'ouest, renverse l'horizon. C'est une recréation du monde à l'échelle du poème, une quête fragile de printemps et de paradis, alors que l'obscurité tombe, que la neige recouvre le paysage. C'est la Genèse et l'Apocalypse contenues dans un chant d'oiseau. Emily Dickinson, qui parlait plus facilement aux fleurs qu'aux êtres vivants, joue dans le dos du jour, en quête de transfiguration, de renouveau et d'un lieu débarrassé des larmes, même si elle se sait parmi les morts, bien qu'en vie. Et c'est depuis cet entremonde qu'elle nous parle. Après ces cinq années qui résonnent comme une réponse muette aux cinq années de la guerre, le bruit des batailles finit par ressurgir dans les 48 poèmes de l'année 1871 : tambours qui cognent dans le néant, baïonnettes amères, canons sans gloire, Emily Dickinson évoque les héros couchés dans la terre au simple rang des hommes. L'oubli et l'urne, dit-elle, sont la seule rétribution. Même si, dans son monde si vivant offert aux abeilles, aux fleurs et aux oiseaux, l'invisible est toujours à portée de la main. Avec Je cherche l'obscurité, nous continuons d'éditer la poésie d'Emily Dickinson en proposant un choix par années, qui permet de montrer les grandes lignes de force et les évolutions de son écriture poétique. Nous ne jouons pas sur les tombes se concentrait sur les poèmes de 1863 qui fut son année la plus prolifique, Un ciel étranger (cité dans les 100 livres de l'année 2019 du magazine Lire) portait sur l'année 1864, et Ses oiseaux perdus sur les dernières années de sa vie, de 1882 à 1886. Chaque volume est accompagné en postface d'une évocation d'Emily Dickinson par une poétesse d'aujourd'hui : Flora Bonfanti, Maxime Hortense Pascal, Caroline Sagot Duvauroux, et pour la présente édition Raluca Maria Hanea.
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Dans ces Cent quatrains érotiques Patrizia Valduga réactive la puissance de la forme quatrain et rend un hommage très personnel - même lorsqu'elle la renverse - à l'histoire de la poésie amoureuse. Le théâtre érotique d'une femme s'y exprime dans toute sa crudité, sa force et ses nuances : quatre cents vers et une seule et longue nuit d'amour où une femme et un homme font se rencontrer leurs corps, leurs mots, leurs esprits. Deux voix distinctes prennent la parole : elles se courent après, monologuent ou se répondent d'un vers à l'autre, d'un poème à l'autre. Tantôt triviale, tantôt imprégnée de lyrisme, la poésie vibrante de Patrizia Valduga nous entraîne dans un monde fait de désir, de tyrannie, de jeu, de sexe et de tendresse.
« Là, tu rêves à d'autres obscénités. »
Tu ne sens pas comme ma main te touche??
Je pense ton corps : voilà ma pensée,
et un baiser qui soit baume pour la bouche.
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Sonnets à Orphée
Rainer Maria Rilke
- Belles Lettres
- Bibliotheque Allemande
- 14 Janvier 2021
- 9782251451053
À côté de George et de Hofmannsthal, Rilke (1875-1926) est, dans le monde germanique, le poète-phare du début du XXe siècle.
Polyglotte, esprit cosmopolite (on se souvient de son voyage en Russie avec Lou Andréas Salomé), il fut très attaché au monde latin et spécialement à la France. Un temps secrétaire de Rodin à Paris ? il dédia à l'artiste une passionnante monographie en 1903 ?, traducteur de Paul Valéry notamment, il composa des poèmes français (Vergers) en 1926.
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Heures rapiécées ; poèmes en vers et prose
Avrom Sutzkever, Patricia Farazzi
- Eclat
- Paraboles
- 8 Avril 2021
- 9782841625093
L'oeuvre - comme la vie - d'Avrom Sutzkever est exemplaire à plus d'un titre. Elle traverse le siècle et porte l'espoir paradoxal de la poésie qui, en plusieurs occasions, lui a littéralement sauvé la vie, quand, ayant dû traverser un champ de mines sous la neige dans la forêt de Narotch, il a accordé ses pas au rythme d'un poème récité à voix basse. C'est également avec la poésie qu'il affrontera la ville secrète des égouts de Wilno et la mort d'un enfant, et c'est avec la poésie qu'il renaîtra sur la terre spirituelle de sa langue, le yiddish, flammèche vacillante sur une bougie orpheline, qu'il gardera vissée au corps. Figurent dans cette anthologie des poèmes de tous ses ouvrages publiés, depuis Sibérie (1936) jusqu'à Murs effondrés (1996), et si une partie importante est consacrée à l'écriture quotidienne du ghetto et de sa résistance, l'ensemble de près de 400 poèmes en vers et prose, extraits de 22 recueils, résonne au-delà de la seule réalité politique à laquelle Sutzkever fut confronté. On peut parler alors d'un véritable engagement poétique visant à garder mémoire des visages et des mots de ceux que la barbarie a voulu effacer, les inscrivant en lettres plus éternelles que le temps dans le livre de la vie.
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Avouons-le, Le Rapt de la boucle poursuit la Série « Poésie magique » : petit format, grand texte, traductions (très) littéraires. Il faut croire que la chouette a toujours envie de prendre le vers.
Dans ce poème comique, un événement infime (une boucle de cheveux de l'héroïne est coupée et volée par l'homme qui cherche à la séduire) prend des dimensions épiques.
Alexander Pope se moque de la posture épique de la littérature courtisane, tout en mettant en scène une mythologie inspirée de la Rose-croix. L'ensemble est composé en vers rimés, comme un spectacle plaisant destiné à ravir les lecteurs. Pour conserver la saveur de ce spectacle, la traduction (tout en étant très fidèle) a également été réalisée en alexandrins rimés.
D'où l'intérêt que ce soit un poète qui s'y prête.