L'objet que vous tenez entre les mains n'est pas un livre. C'est un flacon. Un flacon que l'auteur a rempli d'essences poétiques, d'extraits de pensée, d'arômes de sagesse. La fuite du temps, le spectacle de la nature, l'infini du ciel, la condition humaine, la légèreté des choses. Toute une matière brute recueillie au fil des jours et patiemment distillée, « exprimée ». N'en buvez pas le contenu à grands traits mais ouvrez-le à loisir, laissez échapper quelques gouttes dans l'air et... respirez!
Renato Leduc, reprenant la tradition mexicaine des fables et fabliaux, la détourne ici pour en offrir une version à son imageÂ: fantasque, ironique et grivoise, dans une veine libertaire (voire libertine) que n'auraient pas reniée ses amis surréalistes. Morts d'el dia de los muertos, cocus, girafes, coyotes ou berceuses se succèdent dans une frénésie joyeuse dont les dessins de Leonora Carrington, réalisés expressément pour le livre, redoublent la farandole dans un rouge-sang cruel. Résultats d'une rencontre, d'un amour entre deux créateurs singuliers du vingtième siècle, ces quinze fabliaux illustrés sont une curiosité à lire avec délectation.
Ce Bestiaire de José Moreno Villa a été publié pour la première fois en 1917, dans la revue Espana. Il n'est pas sûr que Moreno Villa ait eu connaissance du Bestiaire d'Apollinaire, paru en 1911. Quoi qu'il en soit, une quelconque influence du poète français paraît difficile à détecter dans ces textes qui tiennent davantage de la charge sociale que de la grâce orphique. En revanche, il est clair qu'il s'est inspiré du modernisme et de ce surréalisme que reflètent sa peinture et ses dessins. Tour à tour tendres, drôles ou franchement inquiétants, voire angoissants, ces textes contiennent sans doute beaucoup d'un être qui se retire et, ce faisant, n'a d'autre choix que celui de la métamorphose et de la fable.
Ce poème inclassable, écrit à la fin du XIIIe siècle par un trouvère dont on ne sait rien, est une sape infernalement drôle qui bat en brèche toutes les valeurs auxquelles est adossée la société de ce temps. La violence extrême, réelle ou symbolique, y devient une forme d'art qui, par son systématisme et son apparente gratuité, anticipe de plusieurs siècles certaines performances dadaïstes et surréalistes.
Le prochain Docteur aux Droits signe alors un monumental ouvrage de 400 pages, composé d'un entassement de sonnets qu'entrelardent assez erratiquement de longs morceaux de bravoure pieuse (prières, oraisons, odes et syndérèses - il aime les syndérèses !) qui sont à vrai dire plus pesants (étouffe-chrétiens) que propres à magnifier son talent (n'étaient certaines laisses exemplaires qu'on lira dans le choix subséquent). Mais il faut considérer cet amas - sorte d'encyclopédie très modernement construite, baroque dira-t-on - pour ce qu'il est sans doute : le témoignage d'une urgence autant que la preuve d'une frénétique inspiration juvénile. Il n'est pas étonnant, alors, de lire dans ces poèmes la détestation d'un homme jeune pour la prochaine décrépitude de son corps, qu'il va « illustrer » jusque dans les détails les plus épouvantables de cette avanie promise !
Ayant depuis toujours expliqué ce qui était explicable, les mots, autre qu'à nous conforter dans les choses de l'ordre, n'ont pas réussi à nous faire changer l'ordre des choses. Amer constat de l'auteur qui, dans ce recueil, a sans vergogne pris un malin plaisir à mélanger formules de langages et diverses expressions entendues, manière de fabriquer un salmigondis amphigourique à tonalité poétique, comique, voire même burlesque, menant à une pensée anarchique des plus sulfureuses.
Un recueil rythmé par la répétition d'un groupe de mots et la continuité entre chacun des poèmes. sous ton pas.
Il y a les pas.
Des dinosaures et des fourmis.
Des termites.
Des mammouths.
Des pithécanthropes.
Des péripatéticiens.
Des ermites.
Des rugissants.
Des félines.
Des singes savants.
Des cancres.
Des crânes voués aux vents.
La Fontaine est considéré comme un moraliste, un homme du passé. On l'a même traité de « homme de droite » (ce qui, pour un homme de gauche, n'est pas un compliment). Que nenni ! Il défend des valeurs modernes, comme le travail dans Le laboureur et ses enfants. Le travail, dirons-nous, pas l'exploitation du travailleur. Et dans la fable Le vieillard et l'âne, ce dernier n'a-t-il pas une conclusion des plus contestataires : « Et que m'importe à qui je sois ? Notre ennemi, c'est notre maître ». Autre exemple qui prouve la modernité de ce fabuleux fabuliste : « Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ». N'est-ce pas déjà une référence à la justice de classe ?Dans Le cheval et l'âne, il prône la solidarité.Et cette conclusion dans Les deux taureaux et une grenouille : « Hélas, on voit que de tout temps Les petits ont pâti des sottises des grands. »Comme l'écrit J. J. Julaud dans «Petite anthologie de la poésie française», « Louis XIV se méfia du bonhomme si prompt à la critique du pouvoir, si hardi ! Au-delà de ses morales, il nous donne beaucoup de leçons, aujourd'hui. »Moralité : Gardons-nous de porter des jugements péremptoires sur les écrits d'auteurs d'une autre époque que la nôtre. Et cherchons plutôt à découvrir ce qu'il ont de moderne, d'actuel.
Ce premier volume des oeuvres complètes d'Horace regroupe trois textes majeurs de l'histoire littéraire latine : les Satires, les Épodes, ainsi que les Épîtres, incluant la longue pièce généralement connue sous le nom d'Art poétique, qui termine ce premier ensemble.Depuis deux millénaires, l'écriture d'Horace a inspiré des générations d'écrivains, d'Ovide à Victor Hugo en passant par Pétrarque, et de lecteurs. À l'ère des récits de soi, des journaux d'écrivains et des réseaux sociaux, il s'adresse à notre époque avec une vigueur et une originalité intactes. L'auteur du carpe diem ne cesse de nous parler.Proposée dans une nouvelle traduction de Danielle Carlès qui parvient à métamorphoser le français en un chant latin inédit, cette intégrale réinvente Horace pour un public contemporain.
Ce titre quelque peu étrange nous entraîne dans un univers singulier et très original, celui d'un chien. Chien savant ? Chien errant ? Chien rêvant ? Peut-être les trois. Son quotidien ne se contente pas de l'ordinaire. Il invite le lecteur à partager son errance sur la surface du globe terrestre. Une divagation géographique et mentale où la notion du territoire se confronte à l'appétit grossier des conquérants et dictateurs qui ont marqué les heures sombres de l'humanité. Ce petit chien aime humer l'air du temps en marchant toujours de l'avant, parce que tous les chemins mènent au-delà des étoiles. Du coeur de l'homme au coeur de l'univers. Tout pour lui est prétexte à réflexions. Dans la solitude de sa condition, il échafaude des pyramides mentales. Monuments imaginaires qui sont pour lui autant de moyens pour combler le vide quand il n'y a plus de réponses à rien.
C'est riche de mots et de sens, ça pique, ça bouscule, c'est drôle, c'est mélancolique, absurde, ça touche, c'est tout un univers, et une fois qu'on y entre, on y est bien, puis ça donne envie de sortir, de boire des coups, de vivre, de faire des choses de ses mains, de ses pieds et de sa tête... et les nouvelles à la fin, c'est drôle, c'est original, on rit de bon coeur, avant de refermer son livre et d'espérer que ce ne soit qu'un au revoir.
Obscure Romance , c'est l'alliance du roman et de la poésie réunie.Par le style d'écriture et sa narration, ce livre est à la fois une romance poétique, mais aussi une romance érotique et sensuelle au travers d'écrits amoureusement endiablés de mots en poésie, une empreinte indélébile sur le corps de sa tendre et douce gothique chérie.
Yves Séméria n'appartient à aucune école poétique, à aucun mouvement contestataire de la littérature moderne, à aucune chapelle sectaire. Il n'est même pas assuré qu'il soit un bon poète. Et il n'est même pas sûr que d'aucuns puissent en juger dans l'état actuel de notre civilisation. Quoi qu'il en soit il sut faire vivre et jouer ces pantins de papier pris dans leurs interminables rondes....